Le 23 octobre 2011 des femmes tunisiennes militantes se portent candidates aux élections de l’Assemblée Constituante et affrontent l’arène politique pour la première fois. Sonia Chamkhi a suivi leur parcours dans son documentaire Militantes. Le film sera projeté ce soir à la Salle 7ème Art à Rabat, en présence de la réalisatrice. Militantes retrace le parcours de ces femmes tout au long du processus électoral, faisant intervenir des personnalités telles que la parlementaire Souad Abderraahim élue lors de ces élections, la journaliste Sihem Ben Sedrine ou encore Bochra Bel Haj Hmida, avocate et militante des Droits de l’homme, plus connue récemment pour avoir été l’avocate de Mariam, (la jeune femme violée par deux policiers en septembre dernier). « Malgré les acquis de la femme tunisienne obtenus depuis l’indépendance, le spectre d’un retour en arrière n’est pas dissipé. Les élections du 23 octobre de la Tunisie postrévolutionnaire ont amené au pouvoir un parti islamique qui se dit certes modéré promettant de ne pas toucher au code du statut personnel qui régie les droits des femmes mais aussi des partis et des forces sociales obscurantistes. Depuis le 14 janvier, ils ne dissimulent en rien leur intentions rétrogrades et passéistes notamment dans le domaine social », écrit Sonia Chamkhi sur son blog.
L’équipe du film.
Contre un retour en arrière
Au Maghreb, la contribution des femmes à la lutte pour l’indépendance est connue bien que peu documentée. Les femmes tunisiennes grâce à leur militantisme, se distinguent dans la région car elles ont acquis de nombreux droits au lendemain de l’indépendance. Ces droits sont aujourd’hui en danger, souvent remis en cause par les nouveaux dirigeants et par une partie de la société civile depuis les récents soulèvements en Tunisie. Au-delà des faits et de la participation des femmes au processus électoral en 2011, le documentaire de Sonia Chamkhi plaide en faveur d’une consolidation des droits acquis par les femmes tunisiennes depuis plusieurs décennies. Le documentaire retrace à la fois le parcours des femmes politiques et des autres activistes dans la société tunisienne contemporaine aux quels s’ajoutent des témoignages de résistantes durant l’occupation française et après l’indépendance. « Grâce aux images d’archives patiemment récoltées et la plupart du temps difficilement dénichées, le film rend hommage à des femmes dont l’Histoire si peu documentée de la Tunisie n’a pas donné toute la mesure de leur apport à l’édification de la nation tunisienne. C’est une manière de battre en brèches le préjugé selon lequel, la liberté de la femme tunisienne a été accordée par les hommes, alors que ces dernières ont consacré leurs vie au don de soi. Elles ont combattu et connu la prison pour leurs idées et leur engagement », écrit Sonia Chamkhi au sujet de son film.
